Camille Droguet, internationale de 5×5, de 3×3, et ingénieure
Devenir ingénieure en génie mécanique puis être internationale, cela demande de l’organisation, de la ténacité ?
Je tiens à dire qu’il y a une autre joueuse qui est dans la ligue qui est ingénieure, Clarisse Legrand qui joue à Chartres. Une autre fille, qui joue en Ligue 2, à Toulouse, Justine Soulard, a également son diplôme d’ingénieure. On est trois à avoir fait la même école mais pas au même endroit. Clarisse et moi, on a fait l’INSA à Lyon et Justine a fait l’INSA de Rennes. Je trouve que c’est notable.
Cela prouve une fois encore que les joueuses professionnelles sont plus capables de faire des études que les joueurs ?
On est aussi plus encouragées. Chez les garçons, il y a tellement d’argent… Chez les joueuses, on est quand même pas mal à se rendre compte qu’après notre carrière, on ne va pas partir à la retraite avec l’argent que l’on a gagné. C’est sûr que ça demande beaucoup d’organisation et ce qui a été le plus dur pour moi, c’est d’accepter de faire un peu moins de basket pendant un certain temps. Lors de mes dernières années à l’INSA, je jouais au BCTM (Basket Club La Tronche Meylan), à Grenoble, en Ligue 2, et je faisais les allers-retours en train et je perdais énormément de temps. Je m’entraînais moins que d’autres joueuses de mon âge et donc je progressais moins. C’était un peu frustrant. Aujourd’hui, je me demande comment j’ai fait quand je vois que je m’entraîne deux fois par jour et que je ne fais rien d’autre. En fait, j’étais dans mon rythme, la tête dans le guidon, je ne réfléchissais pas trop.
Les cours étaient-ils aménagés ?
Oui. En fait, au début c’est très cadré. L’INSA, c’est avec prépa intégrée normalement en deux ans puis trois ans vraiment d’école. L’aménagement, c’est que les deux ans de prépa intégrée, on les fait en trois ans. C’est une classe qu’avec des sportifs de haut niveau et on a juste moins de cours. Ensuite, quand on rentre vraiment en école d’ingénieur, il y a des gens qui font les trois années en trois ans ou d’autres qui les font en quatre ans, cinq ans, six ans, voir plus. J’ai fait le choix de faire les trois ans en quatre ans. Les deux dernières années étaient un peu à la carte ; je disais aux profs que je ne serai pas là et ils répondaient… OK (sourire). Mais c’était quand même pesant en nombre d’heures par semaine.
Aujourd’hui, avec le recul, vous ne regrettez pas cet investissement ?