Enquête : le basket français face à la WNBA
Dans cet article premium, vous retrouvez des témoignages exclusifs de Jean-Pierre Siutat, Carole Force, Yoann Cabioc’h, Dominique Malonga, Leila Lacan, Carla Leite et Pauline Astier, entre autres. Pour le consulter et soutenir Basket Europe, abonnez-vous.
Tout indique que la WNBA est à un tournant majeur de son existence et que le basket français va devoir se réinventer pour s’adapter à ses modifications. En 2024, la ligue américaine a explosé ses records d’audience et de popularité. Cette saison sur ESPN, les matches ont attiré 1,2 million de téléspectateurs en moyenne (170 % de progression). L’autre diffuseur, ION Television a augmenté de 133 % pour s’établir à 670 000 téléspectateurs en moyenne, avec +180 % chez les hommes. Le All-Star Game, qui n’avait jamais attiré plus de 1,4 million de téléspectateurs, a explosé son compteur (3,4 millions de viewers). Le match 5 de la finale entre le New York Liberty et les Minnesota Lynx a attiré 2,2 millions de téléspectateurs (pic à 3,3 millions), un record depuis un quart de siècle. Dans les salles, 37 rencontres de saison régulière ont attiré plus de 16 000 fans, dont 32 impliquant la nouvelle star mondiale Caitlin Clark et l’Indiana Fever (nouveau record de 20 711 spectateurs pour un Washington-Indiana). Tout cela est colossal.
C’est dans cette sphère d’influence qu’a été signé un nouveau contrat TV de 2,2 milliards de dollars sur les 11 prochaines années avec NBC, Disney (ESPN/ABC) et Amazon, soit une moyenne de 200 millions de dollars par saison. En Europe, on ne peut que constater le gouffre qui nous sépare désormais de la ligue américaine, comme le constate à notre micro Jean-Pierre Siutat, le président de la Fédération française de basket-ball, qui quittera son poste à la fin de l’année après 14 années à travailler notamment pour la reconnaissance du basket féminin.
« La WNBA signe des droits TV pour 200 millions de dollars par an pour du basket féminin, alors que ce sont globalement les mêmes joueuses – que l’on a failli battre – que l’on a chez nous, alors que nous faisons quelques milliers d’euros. En Europe, le système n’est pas le même alors que le basket est quasiment le même. Le problème dans notre sport, c’est le système. Si le basket français était dans un système américain, ou si le système européen avait été défendu comme il aurait dû l’être, on serait bien mieux. Dans la protection des jeunes talents, dans la reconnaissance du travail qui est fait pour injecter de l’argent pour développer autre chose. Aujourd’hui, on fait un travail de qualité mais on n’est pas reconnu par le système. C’est un perpétuel recommencement dans lequel on s’use à faire mieux alors qu’on mérite de toucher dix fois plus en termes de droits TV. »