Dossier – Comment la JL Bourg est devenue un club de référence
Que reste-t-il de l’épopée européenne de Bourg-en-Bresse, sept mois après la finale d’Eurocup ? Les supporters se sont-ils appropriés cet exploit ? Le projet a-t-il gagné en crédibilité sur la scène européenne ? Pourquoi l’antichambre de l’Euroleague convient mieux que la BCL au club de l’Ain ? Comment le budget a-t-il été construit et vers où peut-il tendre ? Combien la JL a-t-elle touché comme compensation après la draft de Zaccharie Risacher ? Comment le club s’est-il adapté à la nomination de Frédéric Fauthoux à la tête de l’équipe de France ?
Voilà autant de questions liées à l’évolution récente de la JL Bourg, dont le modèle ne finit plus de convaincre, en France comme en Europe. Dans un entretien croisé d’une trentaine de minutes accordé en marge de la réception de Valence, Julien Desbottes et François Lamy répondent sans détour. Le président et le consultant détaillent l’évolution économique et sportive du quatrième budget de France (7,8 millions d’euros dont 2,4 consacrés à la masse salariale), qui fait office de premier outsider derrière les trois locomotives du basket français : Monaco, Paris et l’ASVEL. Bien que la marge avec ses poursuivants reste mince.
Finaliste d’Eurocup, une crédibilité supplémentaire
De toute son histoire européenne, Bourg-en-Bresse n’a connu que l’Eurocup, que le club de l’Ain dispute sans discontinuer depuis la saison 2020-2021. Après trois années de tâtonnements, la JL version Fauthoux a franchi un cap avec brio la saison dernière en dominant son groupe en saison régulière, puis en écartant successivement Prometey et Besiktas en playoffs avant de chuter contre le Paris Basketball en finale. Au-delà du succès sportif, cette épopée a marqué les esprits.
« Cette épopée, elle ne laisse pas les gens insensibles. Quand on fait la finale de la Semaine des As en 2006 à Dijon, on en a parlé pendant 15 ans ici. Donc une finale de Coupe d’Europe, je pense qu’on en a pris pour quelques années, explique Julien Desbottes. C’est un souvenir d’autant plus unique en termes de solidarité : on représente la France contre des clubs étrangers à partir d’un certain échelon. On n’est plus dans les guerres de clochers locales ou régionales. C’était une toute autre dimension, on l’avait notamment vu contre Besiktas Istanbul, avec un climat un peu plus footballistique lors du match 3 (à Ekinox, en demi-finale). Il n’y a pas une semaine qui se passe sans qu’on me reparle de cette épopée, finale comprise. On a offert à nos partenaires un cadre qui symbolise cette épopée. Je le vois dans les entreprises que je fréquente : les gens se sont appropriés ce parcours. On a besoin de ces émotions positives. Dans un monde actuel tellement chaotique, la seule bonne nouvelle est d’être supporter de la JL (sourire). Maintenant, notre objectif, c’est évidemment qu’on parle d’autre chose d’encore plus positif. »
« Cette finale d’Eurocup nous a donné de l’exposition, de la crédibilité, ajoute François Lamy. C’est acquis. On ne va pas nous l’enlever sept mois après, cela va durer dans le temps. On le voit dans nos échanges avec les agents, les scouts, les clubs à l’extérieur et même l’Euroleague, qui était agréablement surprise de notre 4-0 inaugural en Eurocup. Ils avaient quelques craintes car on a quand même perdu 8 joueurs cet été. Ce n’est pas aussi flamboyant que l’année dernière, certes, mais c’est loin d’être catastrophique. On peut viser les playoffs tout en continuant à développer des joueurs à travers cette compétition, qui est non seulement utile mais nécessaire car beaucoup de joueurs d’Euroleague transitent d’abord par l’Eurocup. Il n’y a pas que les Parisiens, je pense à des Tyrique Jones, des Yago Dos Santos… Il n’y a pas tant de renouvellement d’effectif en Euroleague, les clubs ne sont pas très expérimentaux. S’il n’y avait pas l’Eurocup, je pense que ça serait très difficile pour eux. Cette compétition est aussi nécessaire dans la logique basket de la JL et à l’identité de Freddy (Fauthoux), dans la continuité de ce qu’on avait déjà mis en place ensemble à l’ASVEL avec un effectif long, des responsabilités partagées et un partage du ballon. La JL a besoin de l’Eurocup, et inversement d’ailleurs. »