Nicolo Melli : « Les joueurs font sur le terrain des choses qui étaient autrefois impossibles »
Nicolo Melli a été la figure de proue d’Olimpia Milano, mais il a vécu également des expériences à Bamberg, en NBA, et au Fenerbahçe où il est retourné cette saison.
« Partir à l’étranger présente certes des inconvénients, mais aussi de nombreux avantages, explique-t-il. Cela vous oblige vraiment à sortir de vos votre zone de confort : vous n’avez ni famille, ni amis, vous ne parlez pas la langue, et vous vous retrouvez dans des situations avec des us et coutumes très différentes des vôtres. Il y a cependant des aspects positifs. Tout d’abord, si une équipe étrangère vous choisit, ce n’est pas pour respecter des quotas de joueurs munis de passeports, mais pour ce que vous pouvez offrir sur le terrain. C’est une reconnaissance concrète de votre valeur. Un autre avantage, selon moi, c’est que, étant dans un pays dont on ne connaît pas la langue, on vit dans une sorte de bulle. Vous ne comprenez pas tout ce qui se passe autour de vous : vous ne savez pas comment sont organisées les équipes, vous ne remarquez pas qui se plaint de qui. Cet isolement vous permet de vous concentrer exclusivement sur votre travail, sans être influencé par des dynamiques extérieures qui, en fin de compte, n’ont pas d’importance. »
Nicolo Melli parle de l’évolution des joueurs et du jeu.
« Chaque période a son propre développement. Aujourd’hui, en termes de talent et de préparation, tant technique que physique, nous sommes à des niveaux jamais atteints auparavant. Les joueurs font sur le terrain des choses qui étaient autrefois impossibles, même d’un point de vue tactique, comme attaquer un adversaire, étudier les détails du jeu. Ensuite, il y a des analyses statistiques avancées. Boston, par exemple, est un modèle basé sur ces analyses, tout comme Paris en Euroleague. Ils ont des rosters moins tape-à-l’oeil, mais ils sont pourtant 2e ou 3e en Europe. Paris joue avec une logique similaire à Boston : soit les 3-points, soit la pénétration. Personnellement, j’ai du mal à regarder ce type de basket. Je cherche autre chose, même si je me rends compte que les temps ont changé. »
L’Italien compare par ailleurs la philosophie des équipes européennes comparativement à celles de NBA.
« Nous jouons 90 matchs par an. Il n’y a plus de temps pour les doubles entraînements comme avant. Nous travaillons sur des vidéos, la préparation sportive, la musculation et les séances individuelles. Au Fener, si on joue 35 minutes à 5 contre 5, c’est beaucoup. En NBA, c’est encore plus extrême : peut-être 10 minutes d’entraînement collectif, mais ce sont les joueurs les plus forts du monde. Le basket est différent là-bas. Le jeu collectif européen me manquait, où chaque match a un poids spécifique. Ce n’est pas le cas en NBA. Quand j’étais là-bas, nous étions à 0-3, et ils m’ont dit : « ne t’inquiète pas, nous allons progresser. » A 0-7, encore : « tout va bien, nous allons grandir. » Cela me paraissait absurde. Ici, en Europe, si une équipe démarre mal, tout change. »