[Premium] Jacky Chazalon, un mythe du XXe siècle, 6e de notre référendum
« Son nom est Jacky Chazalon et à l’exception de Jean-Claude Killy, elle est peut-être le sportif français le plus célèbre. » Cette citation date du 28 juillet 1974 et émane du plus réputé des quotidiens américains, le New York Times, sous le titre « Chazalon, la poétesse française du basket-ball ».
Ses signes distinctifs étaient nombreux : son numéro 10, ses cheveux mi-longs retenus par un bandeau –un hommage au tennisman Björn Borg-, son goût pour le yoga et la méditation, ses tenues un peu hippie, son diminutif « Jacky » plutôt que son prénom Jacqueline, et sa très forte créativité dans le jeu à une époque où le basket féminin était sous le joug austère des Pays de l’Est, principalement de l’URSS. Un concerto de dribbles chaloupés, dans le dos, entre les jambes, de feintes diverses et variées. A distance, Jacky utilisait un tir à deux mains qui partait de la tête, et à trois-quatre mètres un jump shoot élégant et performant. A l’approche du panier, on la voyait parfois sauter d’un pied et déclencher ce qui sera, bien plus tard, le tear drop de Tony Parker. « C’est drôle, mais on remet des gestes à la mode qui étaient dépassés », explique cette septuagénaire à la sagacité jamais démentie. « J’avais constaté que face aux grandes, c’était l’une des seules façons de pouvoir shooter dans de bonnes conditions à 2-3 mètres du panier. A l’époque, on disait que c’était un tir fillette car l’ancienne génération le pratiquait déjà. » Un chat, ce petit format de 1,72 m, une virtuose, comme TP.
« Jacqueline Chazalon a une beauté dans tous ses gestes qui la fait remarquer par le profane comme le technicien », jugeait avec finesse son coach en équipe de France comme au Clermont UC, Joe Jaunay. « L’élégance qu’elle a me réconcilie avec le sport féminin », ajoutait avec ce soupçon de machisme qui le caractérisait Robert Busnel, le président fédéral.